mercredi 14 novembre 2007

MIJANES : Réalités d'un projet vital pour l'avenir du Donezan

LE DONEZAN


En quelques mots il est important de rappeler ce qu’est le Donezan ou canton de Quérigut (chef lieu de canton). Il s’agit d’un canton de montagne ariégeois situé à l’est d’Ax-les-Thermes, aux confins de l’Aude et des Pyrénées Orientales.

On y accède par la D118 depuis Carcassonne, via Limoux, Quillan et Axat ou encore depuis Perpignan par la D117 puis la D118 via Axat. Cette même D118 permet d’y arriver depuis Mont-Louis. De Mai à Novembre, le Donezan est accessible par le Port de Pailhères (fermé par la neige en Hiver). Toulouse et Narbonne sont à 2 H de route du Donezan. L’altitude du canton va de 750 à 2546 m (Pic de Baxouillade).

D’une superficie de 12500 Ha environ, le canton est couvert à 70% de forêts (près de 8500 ha de bois… et il pousse des arbres tous les ans…). Les 9 étangs du canton associés à cette forêt aux couleurs magiques en Automne, font qu’on l’appelle parfois « Québec Ariégeois ».

Le Donezan est reconnu pour la qualité de ses paysages. Il abrite les cortèges de végétation de l’étage subméditerranéen (une partie) à l’étage nival. Côté faune, toutes les espèces Pyrénéennes sont présentes. Mais cette biodiversité est menacée à terme par la progression de la forêt et l’uniformisation du couvert végétal (Hêtraie sapinière dominante). La présence et le rôle de l’homme sont indispensables au maintien de cette biodiversité.

L’espace cultivé et habité est compris entre 900 et 1250 m d’altitude. Il abrite 7 villages (Artigues, Carcanières, Le Pla, Le Puch, Mijanès, Quérigut et Rouze) et 3 hameaux (Le Mas, Saint Félix et Usson).

Côté population, le DONEZAN, c’est 535 habitants (464 au recensement de 1999, 2200 à la fin du XIXème siècle) dans un bien joli pays. Mais pour aussi joli soit-il, la vie y est par certains côtés un peu plus compliquée qu’ailleurs.

Vivre en DONEZAN nécessite une organisation non insurmontable mais peu palpable pour un citadin qui pourrait voir le canton de QUERIGUT comme une réserve « d’indiens ». Réserve entretenue par ces mêmes « indiens » et où notre citadin viendrait prendre l’air à loisir.

Mais le souhait des habitants de ce canton de montagne ariégeois est de vivre chez eux et ce du mieux possible. Et ce au moins aussi bien que ce que les citadins ayant tous les services ou commerces à proximité de chez eux peuvent imaginer.

Ceci passe d’une part par la mise en place de services à la population. Les élus l’ont compris depuis longtemps en participant à la création de 2 stations essences, un atelier mécanique , une superette, un cabinet médical et une pro-pharmacie, un distributeur de billet en partenariat avec la Poste , en consacrant au niveau de la Communauté de Communes 65.000 €/an aux écoles , en mettant en place un service de transports, la téléphonie mobile, en créant un centre de secours et en relançant la filière bois.

Cela passe d’autre part par une augmentation de la population permanente, le maintien et le développement d’une activité économique adaptée au canton. Le maintien ou l’accroissement de la population sont liés à l’offre d’emploi.

En DONEZAN, comme dans toute zone de montagne, agriculture et tourisme se complètent et sont des vecteurs de développement. S’il y a 9 agriculteurs et de nouveaux arrivants en vue, la station de Mijanès est le plus gros employeur avec 19 salariés (plus des renforts temporaires).Elle génère aussi une activité induite considérable dans l’hôtellerie, les commerces et les hébergements dont certains sont mieux remplis l’hiver que l’été.

C’est donc tout naturellement que les élus du DONEZAN ont choisi de donner un nouvel élan à ce moteur de l’activité économique du canton qu’est la station de ski de Mijanès-Donezan (22 000journées-skieurs/saison avec un pic à 25 000 en 1994/1995). Leur choix s’est accompagné d’une large réflexion car un des atouts du canton est la bi-saisonnalité.


LE PROJET DE DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES NEIGE DE MIJANES

En 2004, un comité de pilotage réunissant l’Etat et ses services, l’ONF, le Conseil Général de l’Ariège, la Région Midi Pyrénées et la Communauté de Communes a été mis en place pour déboucher sur le projet validé par le Préfet de Région Midi Pyrénées le 22/03/2007 et après de nombreuses concertations. Et ce projet préserve totalement le concept « nature et tout public » avec de nouvelles pistes de ski mais aussi un jardin des neiges, une piste de luge unique dans les Pyrénées (600 m de long), le développement de la raquette et la relance du ski de fond.


LE PROJET

Mijanès-Donezan est réputée comme un stade de neige très agréable mais, les enquêtes le montrent, elle souffre de l’exiguïté de son offre neige et est de fait peu attractive. On y skie essentiellement à la demi-journée et passé 12-13 ans, les adolescents préfèrent skier ailleurs emmenant avec eux leurs parents. Pour assurer la survie du site et de l’économie locale, il convient donc d’améliorer l’offre neige au sens large.

Parmi ses atouts essentiels, Mijanès présente les avantages suivants :

  • D’offrir la possibilité de pratiquer sur le même site :
    • Le ski de piste (10 km).
    • Le ski de fond (26km).
    • La raquette (1 itinéraire)
    • La luge (une piste).
  • D’avoir une zone débutant écartée des « grandes pistes ».

  • D’être « tout public ».
  • D’être accueillante.
  • D’être la station ayant le plus haut pied de pistes des stations du département de l’Ariège.

Depuis 1992, la station de ski a fait des efforts considérables tout en restant dans le périmètre du domaine actuel :

  • Amélioration de la zone skieurs débutants à moyens (3 nouvelles pistes).
  • Retraitement des pistes jusqu’à 1765 m d’altitude pour :
    • Une meilleure intégration au paysage : il est à noter que Mijanes est reconnue pour son intégration paysagère et la qualité des travaux réalisés sur toute cette partie de domaine skiable.
Ruisseau GENTIANE






Travaux en 2001










État en 2007


Liaison T80 - Canrusc







Travaux en 2001









État en 2007



Piste COUMEILLE







Travaux en 2006 (novembre)








État en 2007 (octobre)




    • Une meilleure skiabilité.
    • Un entretien estival par les troupeaux.
  • Amélioration des conditions d’accueil du public.
  • Qualification des personnels et création de postes à l’année grâce à la pluri-saisonnalité.
  • Mise en place d’une école de ski.
  • Embauche d’étudiants du canton pour les renforts.

Pour répondre à la demande actuelle, il convient donc maintenant d’agrandir le domaine skiable et d’améliorer l’offre neige au sens large, ceci en conservant les atouts de la station. Il est à noter que toutes les stations qui évoluent génèrent un apport de nouvelle clientèle et un retour de l’ancienne qui avait déserté le site qui se sclérosait.


Le projet consiste donc :

  • Sur la zone d’accueil :
    • Création d’un jardin des neiges avec jeux.
    • Mise en place d’un téléski luge et d’une piste luge ados/adultes de près de 600m de long environ (unique dans les Pyrénées). Il est à noter qu’à terme un tél équipement pourrait être utilisé en été par les VTT.
    • Amélioration de la signalétique.
    • Information sur le milieu naturel.
    • Changement du matériel de la billetterie.
    • Amélioration du snack.
    • Poursuite de la remise à niveau du domaine nordique (signalétique-sécurité).
    • Poursuite de l’effort sur la raquette (balisage,…).
    • Création d’une border cross.
  • Sur la zone de piste de ski :

    • Restructuration des pistes bleues et rouges existantes avec reprofilage et réengazonnement (elles n’avaient pas fait l’objet d’un traitement approprié des sols après travaux).
    • Mise en place entre 1975 et 2166m d’un téléski à enrouleur de 700m de long avec 1 cabane en bois à son départ et un poste de secours bois à l’arrivée.
    • Création de deux pistes sur cette zone ; 1 rouge et 1 bleue.
    • Création d’un itinéraire damé et balisé sur la combe du Tarbésou.
    • Mise en place de filets anti hors piste sur la zone à coq (préconisations ONCFS intégralement prises en compte) et d’informations.
    • Mise en place de balises anti collision sur les câbles TK.
Le tout constituera un ensemble cohérent, complémentaire et attractif.

Il est à noter que la zone d’aménagement des nouvelles pistes est située sur un versant nord-est, à une altitude comprise entre 1650 et 2166m et qu’elle bénéficie d’un enneigement naturel particulièrement conséquent (bon couvert forestier jouant le rôle de barrière à neige, zone de dépôt de la neige par le jeu des vents dominants à l’est du pic de Tarbésou).


UN PROJET ECONOMIQUEMENT VIABLE ET SUPPORTABLE PAR NOTRE COLLECTIVITE

Ce projet représente 2.075 M€ et est financé à 70% par des subventions (Etat, Région, Département), le solde est apporté par de l’emprunt. Malgré ce nouvel emprunt, l’ annuité de la Régie sera en baisse de 33 % par rapport à 1998 avec un domaine et un produit bien plus attractifs pour les passagers des plus de 2300 voitures qui passent en moyenne tous les jours à 7 kms sur la D118 sans s’arrêter.

Il faut aussi être conscient qu’avec 700 lits locatifs hivernaux, 700 résidences secondaires, le Donezan a un réel potentiel de clientèle sur place. Le problème est que vu la taille de la station, reconnue comme agréable mais trop petite, de très nombreuses personnes logent sur le canton, mais vont skier sur les Pyrénées Orientales, faisant par là-même leurs courses sur le département voisin d’où un manque à gagner pour l’économie locale. Par contre, ils laissent leurs poubelles dans les containers du Donezan…

Garder cette clientèle 1 à 2 jours de plus sur le canton est tout à fait réaliste avec le projet d’extension et rend parfaitement crédible l’augmentation attendue de fréquentation de la station de 50%.

Il faut aussi rappeler que lors de la saison 1994/1995, la fréquentation était de 10% supérieure à celle enregistrée en 2005/2006…

Autre facteur économique d’importance pour le canton, ce sont les retombées liées à la réalisation des travaux. En effet, si le projet est un petit chantier au regard de ce qui se fait ailleurs dans les stations, il n’en reste pas moins que des entreprises extérieures au canton vont venir y travailler. Elles vont donc loger et manger pendant 4 mois sur le canton (environ 40 000 € de recette pour l’hôtellerie et les commerces). De plus, les cabanes de téléskis et poste de secours pourraient être réalisés sur le canton (environ 40 000 €). Ceci est considérable pour l’économie locale.

A cela, il faudra aussi ajouter de la taxe professionnelle amenée par les entreprises ayant la charge de réaliser les travaux.


UN CONCEPT COULEUR NATURE PRESERVE

Côté environnement, 13 hectares sont concernés par les travaux sur les 12.500 ha du canton soit environ 1/1000eme... Ils seront entretenus l’été par les troupeaux : bel exemple de complémentarité tourisme/pastoralisme. Et sur ces 13ha, près de la moitié sont utilisés en l’état.

Pour ce qui est de la prise en compte paysagère :

  • Un traitement spécifique sera donné aux lisières (avec travail ONF).
  • Sur la zone prise en travers de la pente, le tracé de la piste aura une seule largeur de dameuse (7m), les travaux seront réalisés en déblais et donc le rideau d'arbres aval sera maintenu au plus près de la piste, ce qui permet de conserver un bon écran visuel.
  • Un cahier des charges strict est donné aux entreprises pour le déroulement des travaux (y compris le plan de circulation pour les engins de chantier).
  • Le réengazonnement sera réalisé immédiatement après les travaux. L’appui du Conservatoire Botanique Pyrénéen sera sollicité comme à Ax-les-Thermes.
  • Les passages des ruisseaux sont réalisés à l’aide de ponceaux bois et enrochements secs.













  • Il n’y a pas de terrassement dans les zones humides ni de circulation d’engin sur ces zones.
  • Les circulations d’eau seront intégralement maintenues.
  • Pas d'utilisation du site en période de chant (fermeture des pistes avant le 30 mars).
  • La totalité des mesures préconisées par l’ONCFS par rapport au Grand Tétras a été actée ainsi qu’un suivi des populations sur 9 ans après état des lieux en 2006 (3 ans habituellement).













Ces mesures d’intégration et de compensation (anti hors pistes, traitement des lisières, signalétique, signalisation des câbles, ouverture ciblée du milieu, engazonnement, étude grand tétras) représentent plus de 300.000 € .

Leur proportion par rapport au montant des travaux n’a sans doute jamais été égalée ailleurs ce qui concrétise totalement la volonté des Elus de garder la dimension environnementale de leur station. C’est aussi un de ses atouts forts et ils l’on bien compris.


UN IMPACT CONSIDERABLE SUR L’EMPLOI

Parmi les 19 emplois actuels de la station, 5 le sont à l’année. Avec le projet, 11 nouveaux seront créés sur le site, 2 actuels précaires seront transformés en CDI, 1 sera créé à l’Office du Tourisme.

Le Domaine des Soulades, dont la reprise a été déclenchée par le projet d’amélioration de la station génèrera 15 à 20 emplois. Soit au minimum 27 emplois nouveaux à ramener aux 141 actifs actuels du canton (20 % d’actifs en plus).

A cela, il faudra ajouter l’impact important sur les commerces locaux, sur les hébergements publics et privés, et les services publics….

27 emplois nouveaux, cela peut être autant de familles et qui sait à court terme 70 à 90 habitants nouveaux pour le DONEZAN et ainsi plus de 600 habitants et une vie au quotidien plus dynamique.


LA STATION : UN ELEMENT DE DEVELOPPEMENT PARMI D’AUTRES

Côté activités, les élus ont aussi décidé de ne pas jouer que la carte neige : valorisation de la randonnée pédestre (150 kms de sentiers, 1 topoguide) équestre (ouverture du chemin Vauban en partenariat avec le Parc Naturel Régional des Pyrénées Orientales), valorisation du patrimoine historique (maison du patrimoine du Donezan), efforts conséquents en matière d’habitat, aide aux porteurs de projet, centrale de réservation, recherche d’eau chaude, filière bois, etc...

On le voit bien, la station de ski de MIJANES est le moteur indispensable d’un développement réfléchi du DONEZAN et basé sur la pluri-saisonnalité et la multi-activité.